L'offensive internationale de l'équipementier automobile plaît aux analystes financiers mais laisse perplexes les syndicats français, un renforcement en Allemagne augmentant le risque de doublons avec la France, notamment dans la Recherche & Développement L'offensive internationale que mène actuellement Faurecia plaît aux analystes financiers mais laisse perplexes les syndicats français, le renforcement de l'équipementier automobile en Allemagne augmentant le risque de doublons avec la France, notamment dans la Recherche & Développement.
Faurecia a annoncé au début du mois l'acquisition des activités allemandes de Plastal, un fabricant de pièces en plastique pour l'automobile placé sous administration judiciaire. Il a surtout bouclé la semaine dernière le rachat du spécialiste des technologies d'émissions Emcon, une société américaine très présente elle aussi outre-Rhin, dont il attend 60 millions d'euros de synergies annuelles à l'horizon 2012.
"Le groupe semble en mesure d'améliorer significativement ses résultats", écrivaient la semaine dernière les analystes de Natixis Securities dans une note de recherche. "Cette performance sera rendue possible grâce à la croissance attendue, à la fois organique et externe grâce aux acquisitions d'Emcon et Plastal Allemagne."
LA PART GRANDISSANTE DES EFFECTIFS ALLEMANDS
"Ces projets ne sont sans doute pas une mauvaise chose mais nous préférons attendre pour voir", déclare de leurs côté des représentants syndicaux chez Faurecia. "Il y a maintenant un risque d'avoir des doublons, notamment dans la Recherche & Développement, et nous craignons que derrière, il y ait des restructurations, en Allemagne et en France."
"On sent bien que le centre de gravité se déplace peu à peu de la France vers l'Allemagne", observe une autre source syndicale. "J'en veux pour preuve la multiplication en ce moment des noms de managers allemands dans les organigrammes."
L'effectif total de Faurecia, hors Plastal et Emcon, atteignait 58.400 personnes à la fin 2009, dont 15.500 dans l'Hexagone. Avec les 2.000 salariés de Plastal et les 6.700 personnes employées par Emcon à travers le monde, le poids de la France dans l'effectif de Faurecia tombera à 23%.
L'emploi reste un sujet sensible dans l'automobile, notamment chez les équipementiers. Faurecia et Valeo se sont restructurés de manière drastique et, malgré la reprise de l'activité observée au second semestre 2009, la question des surcapacités structurelles reste d'actualité.
Valeo, qui doit publier la semaine prochaine ses résultats annuels, doit aussi dévoiler début mars une nouvelle organisation.
Avant ses deux dernières acquisitions, Faurecia affichait un réseau international de 28 centres de R&D, dont huit dans chacun des deux pays. Avec Plastal, l'équipementier français devient numéro un européen des pièces d'extérieur automobiles et ajoute un centre de recherche sur le sol allemand, tandis qu'avec Emcon il renforce sa position de numéro un dans les systèmes d'échappement et ajoute cinq sites de R&D dans le monde, dont l'important centre d'Augsbourg, en Bavière.
L'ALLEMAGNE PREMIER CLIENT
"Dans toutes nos activités, nous avons un grand centre en France, un grand centre en Allemagne; l'automobile européenne, ce sont d'abord ces deux pays", a précisé le PDG de Faurecia, Yann Delabrière, en marge de la présentation des résultats annuels du groupe le 9 février.
"Nous sommes dans des métiers où nous codéveloppons avec nos clients et il faut absolument avoir des ingénieurs qui sont dédiés à chacun des grands clients."
"C'est la bonne organisation, on ne peut fonctionner autrement. Dans le secteur de l'échappement, nous garderons bien entendu un grand centre de développement en France, qui va concentrer d'ailleurs l'essentiel de l'innovation, et un grand centre de développement en Allemagne pour les clients allemands", a-t-il ajouté, faisant référence pour la partie française au site de Bavans, en Franche-Comté.
L'Allemagne, premier marché automobile européen, est le premier client de Valeo et de Faurecia.
En 2009, Faurecia a réalisé avec les constructeurs germaniques 40% de son chiffre d'affaires, contre 31% avec les Français. Son premier client est le groupe Volkswagen (en incluant Porsche), avec 23% des ventes, juste devant PSA Peugeot Citroën.
Autre conséquence du rachat d'Emcon, la participation de PSA dans Faurecia est passée de 70,85% à 57,4%.